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1999 - Übersetzung ins
französiche: Christine Comberg
SYNERGIES PARADOXALES
Les oeuvres de Karl-Heinz Jeiter réservent bon
nombre de surprises. En tant
que dessinateur au sens classique du terme, Jeiter représente
un des genres
élémentaires des Beaux-Arts). Il utilise des moyens d'expression
simples: du
papier et des crayons, il trace des mondes d'images complexes et des
paysages
fantastiques et mystérieux.
Les dessins de Jeiter nous étonnent du fait de
leur grandeur qui sort de
l'ordinaire. Il remplit toute la surface de ses travaux qui atteignent
une
hauteur de plus d'un mètre cinquante et dépassent les
deux mètres de large.
Les différentes épaisseurs de couleur sont compactes et
superposées de telle
façon qu'à aucun endroit on ne peut apercevoir le papier
de fond. Ce sont des
compositions de contrastes clairs et foncés. Le format des dessins
mais aussi
l'ampleur des différentes surfaces crayonnées ainsi que
la composition de
l'image ? comprenant la première application sur le papier, suivir
des
différentes couches ?, tout cela leur donne, à première
vue, l'apparence d'une
peinture. Jeiter joue sciemment de ce jeu des formes "bi",
voguant entre
peinture et dessin. Répondant aux exigences de la peinture en
employant le
dessin, il démontre les possibilités inépuisables
du dessin d'art.
Sur la palette des couleurs dominent les tons naturels
foncés: L'ocre, terre
d'ombre, brun couleur terre, anthracite et gris, ces coloris évoquent
la
pierre, le roc et l'ardoise. Un brillant indirect nous fait imaginer
les
teintes des différentes couches préliminaires dans les
bleuvert ou
rouge?violet. De fins coups de crayon de couleur criarde apparaissent
sporadiquement comme des éclairs et ce sont des "éclairs
lumineux", jaunes,
violets et rouille. Le spectre des couleurs est donc représenté
dans toute son
intégralité. Il donne à ces images brungris, clairfoncé
une vivacité
inattendue que l'on ne découvre toutefois qu'après plus
ample observation.
Dans les dessins de Karl-Heinz Jeiter les formes et le
jeu des couleurs
renvoient à des structures minéralogiques, à des
sédiments et sédimentations -
observés de près. Dans les dessins, les formations "en
désordre" deviennent
des morceaux de rochers - tout à fait dans le sens de la théorie
de
l'inspiration de Léonardo?, des montagnes crevassées,
des paysages
fantastiques ou des espaces intérieurs ressemblant à des
cavernes. Ce sont des
images où la scène est dépourvue d'êtres
humains et qui stimulent la puissance
d'imagination créatrice de l'observateur. Comme Micromégas
- dans le roman de
Voltaire -éprouve la totalité du monde différemment
selon l'endroit où il se
trouve, de même dans les dessins de Jeiter, on peut aussi reconnaître
en même
temps pierre, vue panoramique et feuille. Cela dépend du point
de vue de
l'observateur.
Pourtant, Jeiter ne se contente pas de la coïncidence
avec des micro ou
macrostructures. Il développe cette thèse néo-platonique
où les "objets" de
ses images tracent le chemin vers une notion plus étendue de
la nature. Les
contours effrangés et les formes dansantes des surfaces colorées
rappellent
des écorces ou des feuilles. L'expression de l'image est donc
définie par de
nouveaux attributs: alors que l'on allie épaisseur et lourdeur
en pensant à la
pierre, les feuilles renvoient à la légèreté
et au mouvement, éléments à
propriétés contraires. De ce fait, l'artiste réussit
à reproduire la diversité
et la richesse des facettes de la nature.
Que l'on reconnaisse la pierre, l'écorce ou le
feuillage, dans tous les cas,
l'observateur se réfère à l'imitation de la nature.
Les contrastes clairfoncé
confirment cette impression car ils font penser à des modèles
photographiques.
En superposant ses lignes et en apposant ses hachures avec élan,
Jeiter créé
par là même aussi des motifs abstraits et renvoie ainsi
à son processus
personnel de création. Nature et dessin se confondent - comme
voulant
symboliser leurs liens communs énergétiques.
Annette Lagler
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